Comme un loup Solitaire...
Comme un loup
Solitaire,
Je fais bande à part.
Je ne lis pas
Les journaux,
Je n’écoute pas
La radio,
Et avec un coup
De pied,
J'ai cassé l’écran
De la télé.
Je ne cherche plus
Personne,
Et plus personne
Ne me cherche.
Je suis peinard
Comme un cheval
De course
Qui n'a plus
D'obstacles
À franchir.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
La métamorphose Est irréversible...
La métamorphose
Est irréversible.
On ne la reconnaît plus.
Elle a perdu
Trente kilos.
Ça ne pardonne pas,
Le cancer du foie.
Elle ne le sait pas
Qu'elle va crever.
Ses enfants
Ne lui ont rien dit,
Et son mari non plus.
Mais elle doit bien
Se douter
De quelque chose.
Elle passe
Ses journées
Au lit,
En attendant
Les médicaments
Du matin,
Les médicaments
De l’après midi,
Les médicaments
Du soir.
La métamorphose
Est irréversible,
C'est le prix
À payer
Pour passer
De l'autre côté.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Aucun bruit...
Aucun bruit,
Le silence total,
On t'enferme
Dans un cercueil,
Et l'on t'oublie,
Tu n'existes plus.
Les autres continuent
La fête
Sans toi,
Comme si tu n'avais
Jamais
Existé.
Personne
Ne se souviendra
De ton visage,
Il ne restera
Rien
De ton voyage
Sur terre.
Voilà
Comment ça se passe.
Maintenant,
Continue
De rigoler.
Il y a
Des beaux jours
Devant toi.
Tu peux encore
Baiser
Des milliers
De fois.
Tu peux encore
Boire,
Chanter,
Danser,
Et avec un peu
De chance,
Aimer.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Si le moment Est délicat...
À Baltimore...
À Baltimore,
Une soucoupe volante
A atterri
Au milieu
Des buildings.
Voilà une deuxième
Soucoupe volante
Qui arrive,
Et en voilà
Une troisième.
Le ciel
De Baltimore
Est plein
De soucoupes volantes.
Le ciel des États Unis
Est plein
De soucoupes volantes.
Ça y est,
Le ciel de Paris
Est plein
De soucoupes volantes.
Ne vous bousculez pas
Les enfants,
Chacun
D'entre vous
Aura droit
À sa soucoupe volante.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Trois nuages Ne font pas Un orage...
Trois nuages
Ne font pas
Un orage.
J'ai le temps
Pour chercher
Un parapluie.
Je vais
Quelque part,
Mais entre nous,
J'ai oublié
Mon parcours.
J'ai perdu
Mon vélo
Ou peut-être
Je n'en avais pas.
Vous avez vu
Mon vélo
Par hasard ?
Je suis
À bout de force.
Donnez-moi
Un fauteuil roulant,
Et que quelqu’un
Me pousse
Jusqu'à l’éternité.
Trois nuages
Ne font pas
Un orage,
Mais presque.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
C'est complet, Plus personne Ne pourra entrer...
C'est complet,
Plus personne
Ne pourra entrer.
Quel dommage,
Je suis arrivé
En retard.
C'était l'orgie
Du siècle,
Et je suis arrivé
En retard.
Il y avait
Des jolies dames
À câliner,
Il y avait
Des jolies dames
De la haute
Bourgeoisie
Qui n'attendaient
Que moi,
Et je suis arrivé
En retard.
Je suis
Impardonnable,
Je suis
Vraiment
Impardonnable.
C'était l'orgie
Du siècle,
Et maintenant
Je dois me contenter
De toi
Qui es
Dans mon lit
Déjà depuis dix ans.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Je cherche Une fontaine Magique...
J'ai dessiné Une belle maison...
J'ai dessiné
Une belle maison
Avec un fleuve
Qui passe
Juste à côté.
J'ai dessiné
Un beau soleil
Dans un ciel bleu.
J'ai dessiné
Un homme
Et une femme
Et plein d’enfants.
J'ai dessiné
Le bonheur
Qui me fuit
Depuis toujours.
Quelques crayons
De couleur,
Et le bonheur
Est là,
Devant mes yeux.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Elle est tombée Amoureuse...
Elle est tombée
Amoureuse
De son sex toy,
Acheté
Dans un sex shop
De la rue Saint-Denis.
Elle ne le quitte
Jamais,
Son sex toy.
Elle le met
Dans sa bouche,
Elle le met
Dans sa chatte,
Son sex toy.
Quelle belle
Histoire d'amour
Entre elle
Et son sex toy.
C'est sûr
Que son sex toy
Ne la trompera pas
Comme tous ces
Connards
Qui l'ont baisée
Avant.
Et puis son sex toy
Ne pose pas
De questions.
Et puis son sex toy
N'est jamais
Fatigué.
Les nuits
Sont toujours belles
Avec son sex toy.
Elle peut jouir
Tout le temps
Avec son sex toy.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Il est Bien décidé...
Il est
Bien décidé
À finir
La bouteille,
Même
S'il ne tient plus
Debout.
Son gros ventre
Est rempli
De vinasse
Et de pâtes.
Il n'a presque plus
De dents.
Il n'a pas envie
De rentrer
Chez lui,
Car chez lui
C'est tout petit,
Chez lui,
Il n'arrive pas
À respirer.
Il passe
Ses journées,
Assis
Dans une église,
Mais le bon Dieu
Ne lui a jamais
Parlé.
Il ne connaît
Que des pauvres,
Encore plus pauvres
Que lui.
Il aimerait
Se taper une femme,
Mais les femmes
Ont peur de lui.
Il est comme
Un ours,
Un vieux ours
En train de crever.
Il est
Bien décidé
À finir
La bouteille.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
J'ai vu Verlaine...
J'ai vu Verlaine
Enculer Rimbaud.
J'ai vu Marilyn Monroe
Se faire prendre
En sandwich
Par les frères Kennedy.
J'ai vu Cléopâtre
Faire une pipe
À Jules César.
J'ai vu Simone de Beauvoir
Faire une branlette
Espagnole
À Jean-Paul Sartre.
J'ai vu George Sand
Lécher les couilles
De Chopin.
J'ai vu Bonny Parker
Se faire bouffer
La chatte
Par Clyde Barrow.
J'ai vu Rodin
Prendre en levrette
Camille Claudel.
J'ai vu
Tout ça,
Dès que je suis arrivé.
Je crois
Que je vais bien
M'y plaire,
Ici, au paradis.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Entre eux...
Entre eux,
Le courant
Ne passe plus.
Entre eux,
C'est la guerre
Des mondes.
Leur nid
D'amour
Est devenu
Une prison.
Elle attend
Peut-être
Que lui
S'en aille
Pour avoir
Un peu plus
De place.
Où est passé
La passion
Des premières années ?
Même la nuit
Ne les rapproche pas.
Ils ne s'aiment plus
Mais ils vivent
Toujours ensemble,
En attendant
Peut-être
Que le courant
Passe à nouveau
Entre eux.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Pendant Une demi-seconde...
Pendant
Une demi-seconde,
J'ai cru
Que j'avais fait
Le bon choix.
Pendant
Une demi-seconde,
J'ai cru
Que ça pouvait
Marcher.
Pendant
Une demi-seconde,
J'ai cru
Que j'allais
M'en sortir,
Eh bien non.
Je suis condamné
À rester ici,
Dans cette impasse
Sans lumière
Où les très rares
Passants
Ne me disent
Même pas bonjour.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Joue-moi L’infirmière...
Joue-moi
L’infirmière,
J'ai la fièvre
Qui monte.
Prends-moi
La température.
Fais-moi
Un scanner
Avec tes mains,
Avec ta bouche.
J'ai froid,
J'ai froid,
Couvre-moi
Avec ton corps.
Joue-moi
L'infirmière.
Fais-moi
Une piqûre
Avec ton poison,
Que je puisse
Toucher le plafond
Une dernière fois.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Cherchez pas À comprendre...
Cherchez pas
À comprendre,
Vous n'y arriverez pas.
Il y a
Une foule
De souvenirs,
Cachés
Dans ma mémoire.
Il y a
Une foule
De souvenirs
Qui se disputent
Entre eux.
La nuit,
ils font du bruit,
Et mon cerveau
Explose,
Je tremble
Et je maudis
Le jour
Où je suis né.
Cherchez pas
À comprendre,
Vous n'y arriverez pas.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI
Vous, les fumiers...
Vous, les fumiers,
Vous, les enculés,
Vous, les raclures,
Allez vous faire foutre
Avant que le jour
Arrive.
Vous, les Thénardier,
Vous, les sacs à merde,
Vous, les trous de cul,
Disparaissez de ma vue
Que j'ai besoin
De vivre.
Vous les pourritures,
Vous, les fripouilles,
Vous, les enfants de salaud,
Allez baiser
Quelqu’un d'autre
Que moi.
Eduardo Pisani
LES POÈMES TOUT NUS
EDUARDO PISANI